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Mon esprit rejetait ces funestes objets,
Charmé des doux pensers d’hymen et de la paix.
La nuit a dissipé des erreurs si charmantes :
Mille songes affreux, mille images sanglantes,
Ou plutôt mille amas de carnage et d’horreur,
M’ont arraché ma joie et rendu ma terreur.
J’ai vu du sang, des morts, et n’ai rien vu de suite ;
Un spectre en paraissant prenait soudain la fuite ;
Ils s’effaçaient l’un l’autre, et chaque illusion
Redoublait mon effroi par sa confusion.


JULIE.

C’est en contraire sens qu’un songe s’interprète.


CAMILLE.

Je le dois croire ainsi, puisque je le souhaite ;
Mais je me trouve enfin, malgré tous mes souhaits,
Au jour d’une bataille, et non pas d’une paix.


JULIE.

Par là finit la guerre, et la paix lui succède.


CAMILLE.

Dure à jamais le mal, s’il y faut ce remède !
Soit que Rome y succombe ou qu’Albe ait le dessous,
Cher amant, n’attends plus d’être un jour mon époux ;