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veut dire Combat ou jouste. Il y en a qui croyent qu’elles se faisoient pour les Dieux Agoniens, que les Payens avoient accoustumé d’invoquer dans les entreprises importantes. D’autres pretendent qu’on les celebroit au mont Agon, nommé depuis Quirinal, d’où elles ont eu le nom d’Agonales.

AGONYCLITES. s. m. p. Heretiques que Sanderus dit s’estre élevez dans le huitiéme siecle. Ils pretendoient qu’il ne falloit point se mettre à genoux pour prier Dieu ; & c’est de là qu’ils ont pris leur nom, de la particule privative a, de gonu, Genou, & de klinein, Plier, flechir.

AGORANOME. s. m. Magistrat qui chez les Atheniens donnoit ses ordres, afin que tout ce qui se debitoit dans les marchez, y fust vendu avec poids & mesure. Ce mot est Grec, agoranomos, & est fait de agora, Marché, & de nemein, Distribuer.

AGRAFE. s. f. C’est un mot dont se servent les vaniers, & qui signifie l’osier tortillé qui tient le bord d’une hotte.

AGR

AGRAIRE. adj. f. Nom qui fut donné à une Loy des Romains, que Spurius Cassius publia, touchant le partage des terres qui estoient prises sur les ennemis. La Loy Agraire. Jule Cesar & Nerva en publierent deux autres, qu’on nomma aussi Loix Agraires, & qui furent faites seulement pour les limites des champs. Ce mot vient du Latin Ager, Champ.

AGREER. v. a. Terme de Marine. Agréer un Vaisseau, c’est le mettre en état de faire voyage, en y plaçant toutes les manœuvres, poulies, & autres choses dont il doit estre garny. Les Marchands disent aussi entr’eux, Agréer un Navire, pour dire L’accepter.

AGREEUR. s. m. Celuy qui fournit à un Vaisseau tout ce qu’il luy faut pour le mettre en mer. C’est aussi celuy qui a soin de mettre tout en ordre, tant pour les cordages, que pour les voiles, poulies, &c.

AGRESTE. adj. Il se dit du sel de certains fruits verts & acres, qui ont un goust sauvage, c’est-à-dire desagreable & fâcheux. Ce mot vient du Grec agrion, dans le sens que ta agria, c’est-à-dire, les choses vertes & acres sont opposées, tois êmerois, aux choses douces. C’est par cette raison que les Latins appellent Le verjus, Agresta.

AGREZ. s. m. p. Tous les cordages, toutes les voiles, & autres choses qui sont necessaires pour garnir un Vaisseau. On dit aussi Agreils.

AGRIER, ou Agriere. s. m. Droit que les Seigneurs prennent sur les terres labourables. Droit d’Agriere. On l’appelle ainsi en de certaines Coustumes, & Droit de Champart en d’autres.

AGRIOTE. s. f. Sorte de cerises qui ne sont pas si douces que les cerises communes, & qui sont plus grosses.

AGRIPAUME. s. f. Plante presque semblable à l’ortie, excepté qu’elle a ses feüilles plus chiquetées tout à l’entour, & celles d’en bas plus rondes. Sa tige, qui est quarrée, les produit deux à deux par certains intervalles. Ses fleurs sont rouges tirant sur le blanc, & ressemblent à celles de l’ortie puante. Elles sont neanmoins plus petites, & sortant du pied des feüilles, elles environnent la tige, ainsi qu’on voit au Marrube. Sa racine, dont il en sort plusieurs autres, est rouge & blafarde. Cette herbe croist par tout le long des chemins & des hayes, & autour des murailles des Villes. Matthiole dit qu’elle est si amere au goust, qu’on la peut juger chaude au second degré & seche au troisiéme. Quelques Modernes la tiennent singuliere pour les ma-


ladies du cœur, d’où elle a pris le nom de Cardiaque, ou Cardiobotanum ; mais sa puanteur fait que plusieurs doutent qu’elle soit cordiale. Elle est bonne aux spasmes, aux paralysies, & aux opilations qui viennent de causes froides. Elle evacuë les flegmes qui sont dans la poitrine, fait mourir les vers & provoque l’urine & les mois. Reduite en poudre, & beuë avec du vin, elle facilite l’accouchement. On l’appelle Agripaume, comme si on disoit Acripalma.

AGU

AGUAPA. s. m. Sorte d’arbre des Indes Occidentales, dont l’ombre est si dangereuse, que s’il arrive qu’un Espagnol s’endorme dessous, il enfle d’une maniere extraordinaire ; & si c’est un Negre nud, il creve. C’est-ce que Laët en dit.

AGUILLANNEUF. s. m. Mot composé de plusieurs, & qui est venu de la superstition des anciens Druides, qui aprés avoir cuëilly le Guy du Chesne avec grande ceremonie, le consacroient & le distribuoient au peuple le premier jour de l’année, en criant, Au guy l’an neuf ; ce qui estoit annoncer la nouvelle année. On a dit de là Aguillanneuf, & l’on crioit-ce mot autrefois le premier jour de l’année, pour se réjoüir d’estre entré heureusement dans une nouvelle année.

AGYNNIENS. s. m. p. Sorte d’Heretiques qui pretendoient que Dieu n’avoit pas permis l’usage des viandes & du mariage. Ils s’éleverent dans le septiéme siecle, tandis que le Pape Servius tenoit le S. Siege. Ce mot vient de la particule privative a, & du Grec gunê, Femme, comme qui diroit, Sans femme.

AHA

AHANABLE. adj. Vieux mot. On disoit autrefois Terre ahanable, pour dire, Terre labourable, & Ahaner la terre, pour dire, La labourer.

AHE

AHERDRE, s’aherdre. v. n. p. Vieux mot. S’attacher :

Ceux qui ne s’y voudront aherdre,

La vie leur conviendra perdre.

On a dit aussi Aherder, du Latin Adhærere. On écrivoit aussi Ærder & ærdre, sans h.

AHEURTÉ, ée. adj. Vieux mot. Obstiné, opiniastre.

AHO

AHONTER. v. a. Vieux mot. Faire affront. On a dit aussi, Ahonté, pour dire, Qui est sans honte.

Car lecherie est tant montée,

Que trop pourroit estre ahontée.

AHOUAI. s. m. Arbre du Bresil qui sent si mauvais quand on le coupe, qu’à peine en peut-on supporter l’odeur. Il est de la grandeur d’un poirier, a les feüilles toûjours vertes, semblables à celles de nos pommiers, & porte un fruit gros comme une chastaigne, qui en figure approche fort du D des Grecs. Le noyau de ce fruit est fort venimeux, la coque en est fort dure & sonnante. Les Sauvages s’en servent au lieu de sonnettes, & s’en environnent les bras & les jambes pour ornement. Ils attachent ces mesmes fruits à leurs haches, massues & autres instrumens.

AHU

AHURIR. v. a. Vieux mot. Mettre quelqu’un en peine, le rendre interdit en l’étonnant.


AIA