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que l’on reconnut qui se glissoient dans cette association, furent cause que le Concile General de Latran, abolit cette assemblée de Vierges sous Innocent II.

On donna ce mesme nom d’Agapetes à une secte d’Heretiques, sortie d’une femme d’Espagne nommée Agape, qui vivoit avec un certain Elpidius dans toutes sortes de desordres, sous couleur d’une association spirituelle. Les crimes où plusieurs autres personnes entroient sous ce mesme pretexte, ayant esté découverts, firent bien-tost abolir cette malheureuse secte.

AGARIC. s. m. Maniere de Champignon ou de Potiron qui naist sur le tronc de l’arbre que l’on appelle en François, Melese. C’est le seul qui soit propre à estre pris interieurement, car cette mesme excroissance se trouve sur les Sapins, sur la Torche, & sur la Pesse sauvage. L’Agaric vient dans la Province de Sarmatie, nommée Agarie, qui luy a donné son nom. Il y en a de deux sortes, le masle, qui est ordinairement jaunastre, massif, pesant, compacte & tenace, & la femelle qui est beaucoup meilleure que le masle, pourveu qu’elle ne ressemble point à du bois, & qu’elle ne soit ny longue, ny dure, ny pesante. Pour estre bonne, il faut qu’elle soit bien blanche, legere, friable, douce au goust d’abord, & un peu aprés amere. Outre l’Agaric de Sarmatie, on en trouve de fort bon sur les Montagnes de Trente, & sur celles du haut Dauphiné. C’est un des plus excellens purgatifs de la Medecine, quoy qu’il n’ait pas grande force, & qu’on ne le donne jamais seul.

AGATE. s. f. Pierre precieuse ordinairement de couleur rouge, sur laquelle la nature semble avoir pris soin de graver plusieurs choses differentes qui y paroissent. On voit des forests dans quelques-unes, des hommes ou des chevaux dans les autres, & plusieurs choses semblables. On tient qu’on luy a donné le nom d’Agate, sur ce qu’on a trouve la premiere auprés du fleuve Achates dans la Sicile. Elle est un fort bon remede contre les piqueures des scorpions & des araignées ; & on dit que par un instinct naturel les aigles en mettent dans leurs nids, afin que par là leurs aiglons soient garantis de toutes sortes de poisons. On pretend aussi que cette pierre fortifie la veuë.

Agate est encore un instrument de tireur d’or. On l’appelle ainsi, à cause que dans le milieu de cet instrument il y a une Agate qui sert à rebrunir l’or.

AGE

AGE. s. m. La durée ordinaire de la vie. Acad. Fr.

Age se dit aussi du cheval dont on connoist le progrés de ses premieres années, soit par le nom bre de ses dents, selon le changement que l’on y remarque, soit par des marques noires qui viennent dessus, ou par les nœuds de sa queuë, sur lesquels pourtant on ne peut juger avec une entiere certitude. Un cheval qui pousse les pinces doit avoir deux ans & demy. Celuy qui met les dents mitoyennes, fait connoistre qu’il approche de quatre ans. Quand il pousse les crochets, c’est une marque assurée qu’il en a quatre ; & dés qu’on luy voit les coins trop longs & décharnez, on peut s’assurer qu’il passe sept ans. Quand il cesse de marquer, on dit qu’il n’a plus d’âge.

Age se dit encore des cerfs ; & M. de Selincourt dit dans son Parfait Chasseur, qu’on juge du nombre de leurs années, non seulement par l’ouverture de la teste, par la grosseur du marrein, par les rayeures plus creuses, par les perlures plus grosses,


par les andoüilliers, quand ils sont plus prés des meules, par la largeur du talon du pied de devant, & par la petitesse du pied de derriere, mais encore par le méjuger, c’est à dire, quand le pied de derriere n’entre point juste dans celuy de devant.

AGH

AGHAIS. s. m. Vieux mot. Acquest. On a dit aussi Aghaister, pour dire, Faire acquest. On trouve dans quelques Coustumes, Profiter d’un marché à aghais, c’est à dire, que Ce marché se faisoit de telle maniere, que le vendeur devoit livrer sa denrée dans un certain temps, & l’acheteur les deniers de son achat dans le même tems. Ainsi le vendeur & l’acheteur devoient aghaister, c’est-à-dire, observer le jour du terme, afin de ne le pas laisser écouler sans que le vendeur eust livré, si c’estoit luy qui vouloit profiter du marché à aghais, ou que l’acheteur eust payé, s’il trouvoit le marché avantageux ; & au refus de la partie, on consignoit en justice, & on faisoit signifier cette consignation.

AGN

AGNATION. s. f. Terme de Jurisprudence purement Latin, qui signifie, selon le Droit Romain, Le lien de parenté en ligne masculine.

AGNOITES. s. m. p. Heretiques, dont il y a eu de deux sortes en deux divers temps. Les uns s’éleverent vers l’an 370. sous le Pontificat de Damase, & suivoient les erreurs de Theophrone de Cappadoce. Elles consistoient particulierement à dire que Dieu n’avoit rien de fixe dans sa science, ne pouvant connoistre le passé que par memoire, & n’ayant que la prescience pour le futur ; ce qu’ils appelloient une connoissance vague. Les autres à qui l’on donna ce mesme nom d’Agnoïtes, à cause qu’ils croyoient que le Fils de Dieu ignoroit le jour du jugement, s’éleverent dans le sixiéme siecle. Themiste, Diacre d’Alexandrie, dont ils suivoient les erreurs, & qui les fit aussi appeller Themistiens, se fondoit, pour les soustenir, sur ce que nostre Seigneur dit dans saint Marc, que Personne ne sçait ces choses - là, hormis le Pere. L’explication que saint Ambroise & saint Augustin donnent à ce passage, c’est que le Fils de Dieu ne les vouloit pas apprendre aux Apôtres. Le mot d’Agnoïtes vient du Grec agnœin, Ignorer.

AGNUS-CASTUS. s. m. Arbrisseau qui devient arbre quand il est cultivé, & qui produit de petits scions pliables, aussi malaisez à rompre que le saule. Ses feüilles sont semblables à celles du franc osier, mais elles rendent une odeur plus agreable. Il y en a de deux sortes ; le grand, qui devient arbre comme le Saule, & qui jette une fleur blanche meslée d’un peu de couleur de pourpre ; l’autre, qu’on appelle le petit, a ses feüilles plus blanches & plus veluës ; & pour la fleur, elle est entierement de couleur de pourpre. Sa semence, qui est toute ronde, ressemble au petit Cardamome. Elle est d’usage dans la Medecine, aussi-bien que les fleurs & la feüille ; & l’on tient que ceux qui s’en servent interieurement ou exterieurement, conservent leur chasteté avec moins de peine ; ce qui luy a fait donner le surnom de Chaste.

AGO

AGONALES. s. f. p. Festes qui se celebroient chez les Romains à l’honneur de Janus dans le mois de Janvier, appellées ainsi du mot Grec agôn, qui