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AFFINER. v. a. Tuer. Vieux mot. On trouve dans un ancien Poëte en parlant d’Achille,

Il ne pooit estre affinez,

Fors par la plante seulement.

On dit parmi les Cordiers, Affiner le chanvre, pour dire, Passer le chanvre par l’affinoir, afin de le faire devenir plus fin. Ce mesme mot est en usage parmi les Relieurs, & ils disent, Affiner le carton, pour dire, Le renforcer.

On dit sur la mer, que Le temps affine, pour dire, qu’Il n’est plus si sombre, & que l’air commence à s’éclaircir. En ce sens il est neutre.

AFFINOIR. s. m. Terme de Cordier. Seran dont les bouches sont petites, & prés à prés. On fait passer le chanvre au travers pour l’affiner.

AFFOLE, ée. adj. On appelle en termes de mer, Boussole affolée, aiguille affolée, Une Aiguille défectueuse, & qui a esté touchée d’un aiman qui ne l’anime pas. Comme cet aiman ne luy donne point sa veritable direction, elle indique mal le Nord, quoique dans le parage où est le Vaisseau, il n’y ait point de variation.

AFFONDER, S’affonder. v. n. p. Vieux mot. S’enfoncer.

S’il peut se plonge & affonde,

Souventesfois en mer profonde.

AFFORAGE. s. m. Prix d’une chose venale mis par autorité de Justice. Ce mot se trouve dans une Ordonnance de la ville de Paris, où il est dit que le prix des vins étrangers doit estre fixé par les Eschevins avant qu’on le puisse vendre, & qu’il faut qu’on en fasse mention dans l’acte d’Afforage.

Il signifie aussi le Droit Seigneurial qu’on paye au Seigneur, afin de pouvoir vendre du vin ou quelque autre liqueur dans son fief, en quoy on est obligé de se regler sur la taxe que ses Officiers en font.

AFFOUAGEMENT. s. m. L’estat ou departement qui se fait dans les Pays où les Tailles sont réelles, afin de faciliter la levée des impositions, en reglant le nombre des feux de chaque Paroisse. Une telle Vignerie est comptée pour tant de feux dans cet affouagement.

AFFOURCHER. v. a. Jetter une ancre à la mer dans une telle distance, que son cable fasse une maniere de fourche avec le cable d’une premiere ancre qu’on y a déja jettée. Ainsi on appelle Ancre d’affourche celle qui est jettée de cette sorte aprés la premiere.

AFFOURRAGER. v. a. Donner de la paille aux moutons, aux bestiaux pour vivre, leur donner du fourrage. On dit aussi Affourrer.

AFFRETEMENT. s. m. Terme de Marine qui est en usage sur l’Ocean, pour signifier le prix que l’on paye pour le loüage de quelque Vaisseau. Ainsi Affreter, signifie donner une certaine somme au Proprietaire du Vaisseau pour s’en servir pendant un voyage, & on dit Affreteur, pour dire, Celuy qui affrete.

AFFRIANDER. v. a. Terme de Fauconnerie. On dit, Affriander un oiseau, pour dire, Le faire revenir sur le leurre à force de luy donner de bons pasts.

AFFRONTÉ, ée. adj. Terme de Blason. On dit, Lions affrontez, pour dire, Deux Lions qui sont opposez de front. Il se dit aussi d’autres Animaux. De gueules à deux levretes affrontées d’argent.

AFFUST. s. m. Sorte de chariot étroit & renforcé dont on se sert à pointer le canon quand on le tire, ou à conduire les pieces d’Artillerie quand on les transporte. M. Guillet qui explique les choses avec une entiere précision, dit que l’Affust n’est monté que sur deux rouës quand il est logé sur une


batterie ; mais que quand on le fait marcher en campagne on y ajoûte deux autres roües sur le devant plus basses que les deux rouës de derriere. Ces sortes d’affusts consistent en deux fortes & longues pieces de charpente qui en font les costez, & qui sont entretenuës l’une avec l’autre par d’autres pieces de bois mises de travers & assemblées par des mortaises. Vers l’extrémité où l’on place le canon, sont deux ouvertures où l’on emboiste les deux especes de bras de canon, qui sont vers la moitié de sa longueur. Les quatre rouës sur lesquelles on monte l’Affust des mortiers, sont chacune d’une seule piece, & n’ont point de rais.

On appelle Affust de bord, L’affust d’un canon qui sert sur les Vaisseaux.

Affust se dit encore en termes de Chasse, d’Un lieu caché, où l’on se met pour attendre le gibier, avec un fusil tout prest à tirer.

AFFUSTAGE. s. m. Soin qu’on prend de tout ce qui regarde le canon pour le braquer, & pour le disposer à tirer. Il se dit aussi des pieces que l’on applique aux fontaines jallissantes lorsqu’on en veut diversifier le jet.

Affustage, signifie aussi chez les Ouvriers, La fourniture de toutes sortes d’outils necessaires, & en ce sens on dit qu’Un Affustage est complet, pour dire, qu’Il n’y manque rien.

AFFUSTER. v. a. On dit, Affuster un canon, pour dire, Le mettre en état de tirer. Les Ouvriers disent, Affuster leurs outils, pour dire, Les aiguiser. On dit qu’Un Ouvrier est bien affusté, pour dire, qu’Il a tout son affustage, tous ses outils prés de luy. Quelques Peintres se servent de ce mesme mot dans le mesme sens, & disent ; Affuster un crayon, pour dire, L’aiguiser.

AGA

AGACE. s. f. Nom qu’on donne à une espece de Pie dont les plumes sont plus noires que celles des autres.

AGALLOCHUM. s. m. Sorte de bois qu’on nous apporte des Indes, seulement par petites pieces, car il est rare qu’il en vienne en France de gros morceaux. Il est marqueté de plusieurs couleurs, odorant, & a quelque acrimonie pour le goust. La solidité de sa substance fait qu’il est malaisé à brusler, & quand on le brusle il en sort beaucoup de suc. Ce qui le couvre se peut plustost appeller une peau qu’une écorce. Il est tres-bon pour les maladies de cœur. On l’appelle communement Bois d’Aloës.

AGAPES. s. f. p. Nom qui a esté donné aux festins que les Chrestiens faisoient dans la primitive Eglise, en memoire de la derniere Cene que le Fils de Dieu avoit faite avec ses Disciples. Il vient du Grec agapê, qui signifie Amitié, dilection, parce que ces Festins estoient comme des festins d’amour & de charité. On les faisoit dans les Eglises aprés qu’on avoit receu la sainte Communion. La dépense en estoit faite par les riches, qui y convioient les pauvres. Les abus qui s’y commirent, obligerent les Prelats à les défendre dans les Eglises, & ensuite ailleurs. Tertullien, & d’autres des anciens Peres parlent fort souvent de ces Agapes, qui s’observoient principalement dans les naissances, dans les mariages & dans les funerailles.

AGAPETES. s. f. p. Nom de Vierges qui vivoient ensemble dans la primitive Eglise, comme estant unies par la charité. On les appelloit Religieuses, quoy qu’elles ne fissent point de vœux ; & comme elles tenoient des Maisons où elles recevoient les passans sous un faux pretexte d’hospitalité, les abus