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CASSIOPE
- Ah ! c’est cet inconnu par mes cris appelé,
- C’est lui-même, seigneur, que mon âme étonnée…
PERSÉE, en l’air, sur le Pégase.
- Reine, voyez par là si je vaux bien Phinée,
- Si j’étais moins que lui digne de votre choix,
- Et si le sang des dieux cède à celui des rois.
CASSIOPE
- Rien n’égale, seigneur, un amour si fidèle ;
- Combattez donc pour vous en combattant pour elle :
- Vous ne trouverez point de sentiments ingrats.
PERSÉE, à Andromède.
- Adorable princesse, avouez-en mon bras.
CHŒUH DE MUSIQUE, cependant que Persée combat le monstre.
- Courage, enfant des dieux, elle est votre conquête ;
- Et jamais amant ni guerrier
- Ne vit ceindre sa tête
- Et jamais amant ni guerrier
- D’un si beau myrte ou d’un si beau laurier.
UNE VOIX, seule.
- Andromède est le prix qui suit votre victoire :
- Combattez, combattez ;
- Et vos plaisirs et votre gloire
- Rendront jaloux les dieux dont vous sortez.
LE CHŒUR, répète.
- Courage, enfant des dieux, elle est votre conquête ;
- Et jamais amant ni guerrier
- Ne vit ceindre sa tête
- Et jamais amant ni guerrier
- D’un si beau myrte ou d’un si beau laurier.
TIMANTE, à la reine.
- Voyez de quel effet notre attente est suivie,
- Madame ; elle est sauvée, et le monstre est sans vie.
PERSÉE, ayant tué le monstre.
- Rendez grâces au dieu qui m’en a fait vainqueur.
CASSIOPE
- Ô ciel ! que ne vous puis-je assez ouvrir mon cœur !
- L’oracle de Vénus enfin s’est fait entendre :
- Voilà ce dernier choix qui nous devait tout rendre ;
- Et vous êtes, seigneur, l’incomparable époux
- Par qui le sang des dieux se doit joindre avec nous.
- Ne pense plus, ma fille, à ton ingrat Phinée ;
- C’est à ce grand héros que le sort t’a donnée ;
- C’est pour lui que le ciel te destine aujourd’hui ;
- Il est digne de toi, rends-toi digne de lui.
PERSÉE
- Il faut la mériter par mille autres services ;
- Un peu d’espoir suffit pour de tels sacrifices.
- Princesse, cependant quittez ces tristes lieux,
- Pour rendre à votre cour tout l’éclat de vos yeux.
- Ces vents, ces mêmes vents qui vous ont enlevée,
- Vont rendre de tout point ma victoire achevée :
- L’ordre que leur prescrit mon père Jupiter
- Jusqu’en votre palais les force à vous porter,
- Les force à vous remettre où tantôt leur surprise…
ANDROMÈDE
- D’une frayeur mortelle à peine encore remise,
- Pardonnez, grand héros, si mon étonnement
- N’a pas la liberté d’aucune remercîment.
PERSÉE
- Venez, tyrans des mers, réparer votre crime,
- Venez restituer cette illustre victime ;
- Méritez votre grâce, impétueux mutins,
- Par votre obéissance au maître des destins.
(Les vents obéissent aussitôt à ce commandement de Persée ; et on les voit en un moment détacher cette princesse, et la reporter par-dessus les flots jusqu’aux lieux d’où ils l’avaient apportée au commencement de cet acte. En même temps Persée revole en haut sur son cheval ailé ; et, après avoir fait un caracol[1] admirable au milieu de l’air, il tire du même côté qu’on a vu disparaître la princesse : tandis qu’il vole, tout le rivage retentit de cris de joie et de chants de victoire.)
CASSIOPE, voyant Persée revoler en haut après sa victoire.
- Peuple, qu’à pleine voix l’allégresse publique
- Après un tel miracle en triomphe s’explique,
- Et fasse retentir sur ce rivage heureux
- L’immortelle valeur d’un bras si généreux.
CHŒUR
- Le monstre est mort, crions victoire,
- Victoire tous, victoire à pleine voix ;
- Que nos campagnes et nos bois
- Ne résonnent que de sa gloire.
- Princesse, elle vous donne enfin l’illustre époux
- Qui seul était digne de vous.
- Vous êtes sa digne conquête.
- Victoire tous, victoire à son amour !
- C’est lui qui nous rend ce beau jour,
- C’est lui qui calme la tempête :
- Et c’est lui qui vous donne enfin l’illustre époux
- Qui seul était digne de vous.
CASSIOPE, après que Persée est disparu.
- Dieux ! j’étais sur ces bords immobile de joie !
- Allons voir où ces vents ont reporté leur proie,
- Embrasser ce vainqueur, et demander au roi
- L’effet du juste espoir qu’il a reçu de moi.
Scène IV
Cymodoce, Éphyre, Cydippe.
(Ces trois néréides s’élèvent du milieu des flots.)
CYMODOCE
- Ainsi notre colère est de tout point bravée !
- ↑ Le genre et l’orthographe du mot caracol ont changé depuis ; on écrirait aiyourd’hui une caracole.