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VII
NOTICE.

volumes de même format, imprimés avec les mêmes caractères, parurent presque en même temps chez le libraire Jules Gay. L’un est une jolie édition de l’Imitation de Jésus-Christ, traduite et paraphrasée en vers français par P. Corneille, précédée d’un avant-propos non signé, dans lequel on démontre sans peine que Corneille n’est point l’auteur du poëme licencieux qui lui a été attribué par Charpentier ; l’autre est intitulé : « L’occasion perdue recouverte, par Pierre Corneille. Nouvelle édition, accompagnée de notes et de commentaires, avec les sources et les imitations qui ont été faites de ce poème célèbre, non recueilli dans les œuvres de l’auteur. » Hâtons-nous de dire que le contenu du volume est beaucoup moins affirmatif : on n’y attribue pas si positivement à Corneille la paternité de cette pièce de vers, qui ne méritait en aucune manière tout le bruit qu’elle a causé. Après une reproduction intégrale des différents documents que nous avons analysés et extraits jusqu’ici, on trouve à la page 45 une « Lettre à M. J. G. dans laquelle on essaye de prouver que l’Occasion perdue recouverte est de Pierre Corneille. » L’auteur de cette lettre, signée P. L., se contente de transcrire le récit de Carpentariana, d’exagérer singulièrement le mérite de l’Occasion perdue recouverte, et de déprécier outre mesure le pauvre Cantenac, afin de prouver qu’il ne peut être l’auteur de « ce poëme vraiment remarquable, sous le rapport du style, de la forme poétique. »

Si j’osais en reproduire ici des passages de quelque étendue, je suis bien certain que le lecteur ne confirmerait point ces éloges ; mais je ne puis me le permettre : je suis contraint d’opposer tout simplement une assertion à une autre, et de déclarer qu’à mon avis l’auteur de l’Occasion perdue recouverte n’est doué que d’une verve libertine fort ordinaire et d’un talent poétique assez médiocre.

Essayons d’ailleurs de porter le débat sur un terrain un peu plus ferme et d’aborder un genre de preuves qui dépende moins des appréciations individuelles. Le poëme en question est rempli de négligences et de fautes de langue qu’un grand écrivain n’aurait pu commettre. Bien que la nature du sujet m’impose