Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/539

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et jusque dans leurs murs alarme les Romains.

EURYDICE.

J’envisage ce trône et tous ses avantages,
1570Et je n’y vois partout, Seigneur, que vos ouvrages ;
Sa gloire ne me peint que celle de mes fers,
Et dans ce qui m’attend je vois ce que je perds.
Ah ! Seigneur.

SURÉNA.

Ah ! Seigneur.Épargnez la douleur qui me presse ;
Ne la ravalez point jusques à la tendresse ;
1575Et laissez-moi partir dans cette fermeté
Qui fait de tels jaloux[1], et qui m’a tant coûté.

EURYDICE.

Partez, puisqu’il le faut, avec ce grand courage
Qui mérita mon cœur et donne tant d’ombrage.
Je suivrai votre exemple, et vous n’aurez point lieu…
1580Mais j’aperçois Palmis qui vient vous dire adieu,
Et je puis, en dépit de tout ce qui me tue,
Quelques moments encor jouir de votre vue.



Scène III.

EURYDICE, SURÉNA, PALMIS.
PALMIS.

On dit qu’on vous exile à moins que d’épouser,
Seigneur, ce que le Roi daigne vous proposer.

SURÉNA.

1585Non ; mais jusqu’à l’hymen que Pacorus souhaite,
Il m’ordonne chez moi quelques jours de retraite.

PALMIS.

Et vous partez ?

  1. Thomas Corneille (1692) a ainsi modifié cet hémistiche :
    Qui fait tant de jaloux…