À ne m’estimer plus son maître qu’en idée,
À vouloir qu’à ses lois j’obéisse à mon tour ?
Ce discours iroit loin : revenons à l’amour,
Madame ; et s’il est vrai qu’enfin…
Seigneur : je me vaincrai, j’y tâche, je l’espère ;
J’ose dire encor plus, je m’en fais une loi ;
Mais je veux que le temps en dépende de moi.
L’impétuosité de cette grandeur d’âme :
Cette noble fierté que rien ne peut dompter
Remplira bien ce trône où vous devez monter.
Donnez-moi donc en reine un ordre que je suive.
Phradate est arrivé, ce soir Mandane arrive ;
Ils sauront quels respects a montrés pour sa main
Cet intrépide effroi de l’empire romain.
Mandane en rougira, le voyant auprès d’elle ;
Phradate est violent, et prendra sa querelle.
Près d’un esprit si chaud et si fort emporté,
Suréna dans ma cour est-il en sûreté ?
Puis-je vous en répondre, à moins qu’il se retire ?
Bannir de votre cour l’honneur de votre empire !
Vous le pouvez, Seigneur, et vous êtes son roi ;
Mais je ne puis souffrir qu’il soit banni pour moi.
Car enfin les couleurs ne font rien à la chose ;
Sous un prétexte faux je n’en suis pas moins cause ;
Et qui craint pour Mandane un peu trop de rougeur
Ne craint pour Suréna que le fond de mon cœur.
Qu’il parte, il vous déplaît ; faites-vous-en justice ;
Punissez, exilez : il faut qu’il obéisse.
Pour remplir mes devoirs j’attendrai son retour,