Ma vie est en ses mains, et de son grand courage
Il peut montrer sur elle un glorieux ouvrage.
Traitez-le mieux, de grâce, et ne vous alarmez
Que pour la sûreté de ce que vous aimez.
Le Roi sait votre foible et le trouble que porte
Le péril d’un amant dans l’âme la plus forte.
J’ai du cœur, et pourrois le mettre en son plein jour.
Ce grand roi cependant prend une aimable voie
Pour me faire accepter ses ordres avec joie !
Pensez-y mieux, de grâce ; et songez qu’au besoin
Un pas hors du devoir nous peut mener bien loin.
Après ce premier pas, ce pas qui seul nous gêne,
L’amour rompt aisément le reste de sa chaîne ;
Et tyran à son tour du devoir méprisé,
Il s’applaudit longtemps du joug qu’il a brisé.
Madame…
Et s’il vous reste encor quelque chose à me dire,
Pour éviter l’éclat d’un orgueil imprudent,
Je vous laisse achever avec mon confident.
Scène IV.
Suréna, je me plains, et j’ai lieu de me plaindre.