Sans quelque objet charmant, dont l’adorable choix
Ferme tout son grand cœur au pur sang de ses rois.
J’ai cru qu’il n’aimoit rien.
Mais la princesse avoue, et hautement, qu’elle aime :
Vous êtes son amie, et savez quel amant
Dans un cœur qu’elle doit règne si puissamment.
Si la princesse en moi prend quelque confiance,
Seigneur, m’est-il permis d’en faire confidence ?
Reçoit-on des secrets sans une forte loi… ?
Et veux bien toutefois qu’elle soit si sévère
Qu’en mon propre intérêt elle oblige à se taire ;
Mais vous pouvez du moins me répondre de vous.
Ah ! pour mes sentiments, je vous les dirai tous.
J’aime ce que j’aimois, et n’ai point changé d’âme :
Je n’en fais point secret.
Ayez-en quelque honte, et parlez-en plus bas.
C’est foiblesse d’aimer qui ne vous aime pas.
Non, Seigneur : à son prince attacher sa tendresse,
C’est une grandeur d’âme et non une foiblesse ;
Et lui garder un cœur qu’il lui plut mériter
N’a rien d’assez honteux pour ne s’en point vanter.
J’en ferai toujours gloire ; et mon âme, charmée
De l’heureux souvenir de m’être vue aimée,