Mais, Suréna, le puis-je après la foi donnée,
Au milieu des apprêts d’un si grand hyménée ?
Et rendrai-je aux Romains qui voudront me braver
Un ami que la paix vient de leur enlever ?
Si le prince renonce au bonheur qu’il espère,
Que dira la princesse, et que fera son père ?
Pour son père, Seigneur, laissez-m’en le souci.
J’en réponds, et pourrois répondre d’elle aussi.
Malgré la triste paix que vous avez jurée,
Avec le prince même elle s’est déclarée ;
Et si je puis vous dire avec quels sentiments
Elle attend à demain l’effet de vos serments,
Elle aime ailleurs.
Et qui ?
Du reste son amour n’en fait aucun mystère,
Et cherche à reculer les effets d’un traité
Qui fait tant murmurer votre peuple irrité.
Est-ce au peuple, est-ce à vous, Suréna, de me dire
Pour lui donner des rois quel sang je dois élire ?
Et pour voir dans l’État tous mes ordres suivis,
Est-ce de mes sujets que je dois prendre avis ?
Si le prince à Palmis veut rendre sa tendresse,
Je consens qu’il dédaigne à son tour la princesse ;
Et nous verrons après quel remède apporter
À la division qui peut en résulter.
Pour vous, qui vous sentez indigne de ma fille,
Et craignez par respect d’entrer en ma famille,
Choisissez un parti qui soit digne de vous,