Mais si vous me laissiez liberté d’en parler,
Je vous dirois, seigneur, que l’amour paternelle
Doit à cette princesse un trône digne d’elle ;
Que l’inégalité de mon destin au sien
Ravaleroit son sang sans élever le mien ;
Qu’une telle union, quelque haut qu’on la mette,
Me laisse encor sujet, et la rendroit sujette ;
Et que de son hymen, malgré tous mes hauts faits,
Au lieu de rois à naître, il naîtroit des sujets.
De quel œil voulez-vous, Seigneur, qu’elle me donne
Une main refusée à plus d’une couronne,
Et qu’un si digne objet des vœux de tant de rois
Descende par votre ordre à cet indigne choix ?
Que de mépris pour moi ! que de honte pour elle !
Non, Seigneur, croyez-en un serviteur fidèle :
Si votre sang du mien veut augmenter l’honneur,
Il y faut l’union du prince avec ma sœur.
Ne le mêlez, Seigneur, au sang de vos ancêtres
Qu’afin que vos sujets en reçoivent des maîtres :
Vos Parthes dans la gloire ont trop longtemps vécu,
Pour attendre des rois du sang de leur vaincu.
Si vous ne le savez, tout le camp en murmure ;
Ce n’est qu’avec dépit que le peuple l’endure.
Quelles lois eût pu faire Artabase vainqueur
Plus rudes, disent-ils, même à des gens sans cœur ?
Je les fais taire ; mais, Seigneur, à le bien prendre,
C’était moins l’attaquer que lui mener un gendre ;
Et si vous en aviez consulté leurs souhaits,
Vous auriez préféré la guerre à cette paix.
Que vous me demandez ma grâce toute prête ?
Et de leurs vains souhaits vous font-ils le porteur
Pour faire Palmis reine avec plus de hauteur ?