Tout mon cœur…
Le crime est oublié, sitôt qu’on le répare ;
Et bien qu’il vous ait plu, Seigneur, de me trahir,
Je le dis malgré moi, je ne vous puis haïr.
Ce qu’un amour si pur, ce qu’une ardeur si tendre…
Donnez-moi donc, seigneur, vous-même, quelque jour,
Quelque infaillible voie à fixer votre amour ;
Et s’il est un moyen…
Il en est de fixer tous les vœux de mon âme ;
Et ce joug qu’à tous deux l’amour rendit si doux,
Si je ne m’y rattache, il ne tiendra qu’à vous.
Il est, pour m’arrêter sous un si digne empire,
Un office à me rendre, un secret à me dire.
La princesse aime ailleurs, je n’en puis plus douter,
Et doute quel rival s’en fait mieux écouter.
Vous êtes avec elle en trop d’intelligence
Pour n’en avoir pas eu toute la confidence :
Tirez-moi de ce doute, et recevez ma foi
Qu’autre que vous jamais ne régnera sur moi.
Quel gage en est-ce, hélas ! qu’une foi si peu sûre ?
Le ciel la rendra-t-il moins sujette au parjure ?
Et ces liens si doux, que vous avez brisés,
À briser de nouveau seront-ils moins aisés ?
Si vous voulez, Seigneur, rappeler mes tendresses,
Il me faut des effets, et non pas des promesses ;