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620Plus l’oubli que j’en veux me fera vous devoir.
Tout mon cœur…

PALMIS.

Tout mon cœur…Entre amants qu’un changement sépare,
Le crime est oublié, sitôt qu’on le répare ;
Et bien qu’il vous ait plu, Seigneur, de me trahir,
Je le dis malgré moi, je ne vous puis haïr.

PACORUS.

625Faites-moi grâce entière, et songez à me rendre
Ce qu’un amour si pur, ce qu’une ardeur si tendre…

PALMIS.

Donnez-moi donc, seigneur, vous-même, quelque jour,
Quelque infaillible voie à fixer votre amour ;
Et s’il est un moyen…

PACORUS.

Et s’il est un moyen…S’il en est ? Oui, Madame,
630Il en est de fixer tous les vœux de mon âme ;
Et ce joug qu’à tous deux l’amour rendit si doux,
Si je ne m’y rattache, il ne tiendra qu’à vous.
Il est, pour m’arrêter sous un si digne empire,
Un office à me rendre, un secret à me dire.
635La princesse aime ailleurs, je n’en puis plus douter,
Et doute quel rival s’en fait mieux écouter.
Vous êtes avec elle en trop d’intelligence
Pour n’en avoir pas eu toute la confidence :
Tirez-moi de ce doute, et recevez ma foi
640Qu’autre que vous jamais ne régnera sur moi.

PALMIS.

Quel gage en est-ce, hélas ! qu’une foi si peu sûre ?
Le ciel la rendra-t-il moins sujette au parjure ?
Et ces liens si doux, que vous avez brisés,
À briser de nouveau seront-ils moins aisés ?
645Si vous voulez, Seigneur, rappeler mes tendresses,
Il me faut des effets, et non pas des promesses ;