Je ferois ce que font les cœurs obéissants,
Ce que veut mon devoir, ce qu’attend votre flamme,
Ce que je fais enfin.
Vous me feriez justice, et prendriez plaisir
À montrer que nos cœurs ne forment qu’un desir.
Vous me diriez sans cesse : « Oui, prince, je vous aime,
Mais d’une passion comme la vôtre extrême ;
Je sens le même feu, je fais les mêmes vœux ;
Ce que vous souhaitez est tout ce que je veux ;
Et cette illustre ardeur ne sera point contente,
Qu’un glorieux hymen n’ait rempli notre attente. »
Pour vous tenir, Seigneur, un langage si doux,
Il faudroit qu’en amour j’en susse autant que vous.
Instruit en un moment de tout ce qu’on doit dire.
Ce langage à ses feux n’est jamais importun,
Et si vous l’ignorez, vous n’en sentez aucun.
Suppléez-y, Seigneur, et dites-vous vous-même
Tout ce que sent un cœur dès le moment qu’il aime ;
Faites-vous-en pour moi le charmant entretien :
J’avouerai tout, pourvu que je n’en dise rien.
Ce langage est bien clair, et je l’entends sans peine.
Au défaut de l’amour, auriez-vous de la haine ?
Je ne veux pas le croire, et des yeux si charmants…
Seigneur, sachez pour vous quels sont mes sentiments.
Si l’amitié vous plaît, si vous aimez l’estime,