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PULCHÉRIE.

COMÉDIE HÉROÏQUE.

ACTE I.

SCÈNE PREMIÈRE.
PULCHÉRIE, LÉON.

PULCHÉRIE.

Je VOUS aime, Léon, et n’en fais point mystère * :
Des feux tels que les miens n’ont rien qu’il faille taire.
Je vous aime, et non point de cette folle ardeur
Que les yeux éblouis font maîtresse du cœur,
Non d’un amour conçu par les sens en tumulte, 5

À qui l’âme applaudit sans qu’elle se consulte,
Et qui ne concevant que d’aveugles désirs,
Languit dans les faveurs, et meurt dans les plaisirs :
Ma passion pour vous, généreuse et solide,
À la vertu pour âme, et la raison pour guide, i o

La gloire pour objet, et veut sous votre loi
Mettre en ce jour illustre et l’univers et moi.
Mon aïeul Théodose, Arcadius mon père,
Cet empire quinze ans gouverné pour un frère ^,

1. Voyez ci-dessns la Notice, p. S^S.

2, Non pas quinze ans, mais plus de ti’ente, ainsi qu’il résulte du propre
témoignage de Corneille (voyez ci-dessus, p. 376 et note 2). Comme il donne
deTamour à Pulchérie, il cherche à dissimuler son âge aux spectateurs. Quinze