Mais puisque j’ai besoin d’expliquer mon courroux,
J’en veux à Bérénice, à l’Empereur, à vous :
À lui, qui n’ose plus m’aimer en sa présence ;
À vous, qui vous mettez de leur intelligence,
Et dont tous les amis vont servir un amour
Qui me rend à vos yeux la fable de la cour.
Si vous m’aimez, Seigneur, il faut sauver ma gloire,
M’assurer par vos soins une pleine victoire ;
Il faut…
Votre retour vers moi seroit-il si honteux ?
Suis-je indigne de vous ? Suis-je si peu de chose
Que toute votre gloire à mon amour s’oppose ?
Ne voit-on plus en moi ce que vous estimiez ?
Et suis-je moindre enfin qu’alors que vous m’aimiez ?
Quand le trône m’attend, si Bérénice y monte.
Délivrez-en mes yeux, et prêtez-moi la main
Du moins à soutenir l’honneur du nom romain.
De quel œil verrez-vous qu’une reine étrangère…
En prît d’autres pour vous, ranimât son espoir,
Et pour se rendre heureux, usât de son pouvoir.
Ne vous y trompez pas : s’il me donne le change,
Je ne suis point à vous, je suis à qui me venge,
Et trouverai peut-être à Rome assez d’appui
Pour me venger de vous aussi bien que de lui.
Et c’est du nom romain la gloire qui vous touche,