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Et si mon choix pour vous n’est point violenté,
C’est trop d’ambition et d’infidélité.
Ainsi des deux côtés tout sert à me confondre.
J’ai cent choses à dire, et rien à vous répondre ;
605Et ne voulant déplaire à pas un de vous deux,
Je veux, ainsi que vous, douter où vont mes vœux.
Ce qui le plus m’étonne en cette déférence
Qui veut du cœur entier une entière assurance,
C’est que dans ce haut rang vous ne vouliez pas voir
610Qu’il n’importe du cœur quand on sait son devoir[1],
Et que de vos pareils les hautes destinées
Ne le consultent point sur ces grands hyménées.

TITE.

Si le vôtre, Madame, était de moindre prix…
Mais que veut Flavian ?


Scène IV

TITE, DOMITIAN, DOMITIE, PLAUTINE, FLAVIAN, ALBIN.
FLAVIAN.

Mais que veut Flavian ?Vous en serez surpris,
615Seigneur, je vous apporte une grande nouvelle :
La reine Bérénice…

TITE.

La reine Bérénice…Eh bien ! est infidèle ?
Et son esprit, charmé par un plus doux souci…

FLAVIAN.

Elle est dans ce palais, Seigneur ; et la voici[2].

  1. C’est, avec une tournure un peu différente, le vers 279 de Sertorius :

    Qu’importe de mon cœur, si je sais mon devoir ?
  2. Nous avons vu dans les extraits de Xiphilin (p. 197 et 198) qu’après être venue une première fois à Rome avec son frère Agrippa, du vivant de Vespasien, Bérénice y retourna sous le règne de Titus.