ACTE II.
Scène première.
Quoi ? Des ambassadeurs que Bérénice envoie
Viennent ici, dis-tu, me témoigner sa joie,
M’apporter son hommage, et me féliciter
Sur ce comble de gloire où je viens de monter ?
En attendant votre ordre, ils sont au port d’Ostie.
Ainsi, grâces aux Dieux, sa flamme est amortie ;
Et de pareils devoirs sont pour moi des froideurs,
Puisqu’elle s’en rapporte à ses ambassadeurs.
Jusqu’après mon hymen remettons leur venue :
J’aurois trop à rougir si j’y souffrois leur vue,
Et recevois les yeux de ses propres sujets
Pour envieux témoins du vol que je lui fais ;
Car mon cœur fut son bien à cette belle reine,
Et pourroit l’être encor, malgré Rome et sa haine,
Si ce divin objet, qui fut tout mon désir,
Par quelque doux regard s’en venoit ressaisir.
Mais du haut de son trône elle aime mieux me rendre
Ces froideurs que pour elle on me força de prendre.
Peut-être, en ce moment que toute ma raison
Ne sauroit sans désordre entendre son beau nom,