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sente fort peu d’intérêt, et l’auteur paraît surtout occupé de refaire à sa façon le plan de l’ouvrage qu’il examine. Contentons-nous de constater que le dénoûment de Tite et Bérénice était alors généralement approuvé. Quoique le censeur le blâme, il convient ainsi de l’effet qu’il produisait : « Vous m’allez dire, je le vois bien, qu’il (Corneille) a été loué universellement d’avoir bien fini ; qu’on dit qu’il s’est surpassé lui-même dans le dénoûment ; et que sa catastrophe a été admirée de tout le monde, en un sujet où elle étoit si difficile[1]. »

Dans la Réponse à la Critique de la Bérénice de Racine, par Subligny[2], nous n’avons rien à recueillir, si ce n’est peut-être une fade épigramme contre Corneille, qui a tout l’air d’être de Subligny lui-même ; voici le passage où elle se trouve : « On dit de M. Corneille qu’il a voulu copier son Tite sur notre invincible monarque et qu’il y a très-mal réussi, comme on voit par la comparaison qui en a été faite en vers :


Tite, par de grands mots, nous vante son mérite ;
Louis fait, sans parler, cent exploits inouïs ;
Et ce que Tite dit de Tite,
C’est l’univers entier qui le dit de Louis[3]. »


Tite et Titus ou les Bérénices, comédie en trois actes, imprimée à Utrecht en 1673, est une critique beaucoup plus délicate que les précédentes des pièces de nos deux illustres tragiques. Le Tite de Corneille avec sa Bérénice viennent implorer Apollon contre le Titus et la Bérénice de Racine, qu’ils traitent d’imposteurs. Les plaidoyers prononcés de part et d’autre font bien ressortir les défauts des deux pièces et surtout les invraisemblances et les obscurités de la tragédie de Corneille. Après avoir vainement tenté un accommodement, Apollon rend enfin le jugement que nous allons rapporter : « Quant au principal, à la vérité il y a plus d’apparence que Titus et sa Bérénice soient les véritables, que non pas que ce soient les autres ; mais pourtant, quoi qu’il en soit, et toutes choses bien considérées, les uns et les autres auroient bien mieux fait de

  1. Recueil de dissertations… publié par Granet, tome II, p. 219.
  2. Ibidem, tome II, p. 223 et suivantes.
  3. Ibidem, tome II, p. 242 et 243.