Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Comme judicieusement,
Y pare grandement la scène[1],
Parlant avec cette Romaine,
Qui l’entretient confidemment
Dessus l’incommode tourment
Que lui cause, au fond de son âme,
Son ambition et sa flamme.
La Thorillière fait Titus,
Empereur orné de vertus,
Et remplit, dessus ma parole,
Dignement cet auguste rôle.
De même le jeune Baron,
Héritier, ainsi que du nom,
De tous les charmes de sa mère
Et des beaux talents qu’eut son père,
Y représente, en son air doux,
Domitian, au gré de tous.
Dans l’amour tendre autant qu’extrême
Dont ladite Romaine il aime.
Enfin leurs confidents aussi,
Dont à côté les noms voici, (Les Srs Hubert, du Croisi
et la Grange
.)


Y font très-bien leur personnage,
Et dans un brillant équipage.

Environ un mois après, la pièce était représentée à Vincennes devant la cour. C’est la Gazette qui nous l’apprend en ces termes : « Le 21, Leurs Majestés, avec lesquelles étoient Monseigneur le Dauphin, Monsieur, Mademoiselle d’Orléans, Mme de Guise et la duchesse d’Enghien, allèrent au château de Vincennes, continuer les divertissements du carnaval : y ayant eu le soir la représentation de la Bérénice du sieur Corneille, par la troupe du Roi dans l’antichambre de la Reine, puis le bal, où les seigneurs et les dames parurent en un ajustement des plus superbes et des plus brillants : ce qui fut précédé d’une très-magnifique collation et suivi d’un souper non moins splendide. »

Corneille ne partageait pas l’enthousiasme de Robinet, et n’était nullement satisfait de la façon dont sa pièce avait été jouée ; il en conserva même un si pénible souvenir, que six ans

  1. Dans le rôle de Plautine, confidente de Domitie.