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le 21 novembre, huit jours avant celle de Corneille, eut ainsi tout le temps de gagner à l’avance la faveur du public.

Corneille, il est vrai, paraissait être plus avant que son concurrent dans les bonnes grâces de Robinet, qui dans ses Lettres en vers évite de se prononcer sur la pièce de Racine, et se contente de louer la pompe du spectacle et le talent des acteurs. C’est d’une tout autre façon qu’il parle de l’ouvrage de Corneille. Il commence par l’annoncer avec fracas ; passant en revue dans son numéro du 22 novembre les nouvelles du jour, il s’exprime de la sorte :

La première en forme d’avis,
Dont maints et maints seront ravis,
Est que ce poëme de Corneille,
Sa Bérénice nompareille,
Se donnera pour le certain,
Le jour de vendredi prochain,
Sur le théâtre de Molière.
............
J’ajoute encor brièvement
Qu’on doit alternativement
Jouer la grande Bérénice,
Qu’on loue avec tant de justice,
Et le Gentilhomme bourgeois.

Toutefois le vendredi 28 novembre Robinet n’assista pas, comme on aurait pu le croire, à la première représentation de Tite et Bérénice. Il s’en explique ainsi dans son numéro du lendemain 29 :

… Je ne puis sortir la porte
Pour une raison assez forte.
Sans cela, par un beau souci,
J’eusse été dès hier aussi
Voir le chef-d’œuvre de Corneille,
Lequel parut une merveille
À la foule qui se trouva
À ce divin poëme-là,
Que Bérénice l’on appelle,
D’un bout à l’autre toute belle,
Et qu’enfin la troupe du Roi
Joue à miracle, en bonne foi,