Ou mendier l’appui de mon juste courroux
Contre votre Ardaric qui ne veut plus de vous ?
Il n’en mériteroit ni l’amour ni l’estime,
S’il osoit espérer m’acquérir par un crime.
D’un si juste refus j’ai de quoi me louer,
Et ne viens pas ici pour l’en désavouer.
Non, Seigneur : c’est du mien que j’y viens me dédire,
Rendre à mes yeux sur vous leur souverain empire,
Rattacher, réunir votre vouloir au mien,
Et reprendre un pouvoir dont vous n’usez pas bien.
Seigneur, est-ce là donc cette reconnoissance
Si hautement promise à mon obéissance ?
J’ai quitté tous les miens sous l’espoir d’être à vous ;
Par votre ordre mon cœur quitte un espoir si doux,
Je me réduis au choix qu’il vous a plu me faire,
Et votre ordre le met hors d’état de me plaire !
Mon respect qui me livre aux vœux d’un autre roi
N’y voit pour lui qu’opprobre, et que honte pour moi !
Rendez, rendez-le-moi, cet empire suprême
Qui ne vous laissoit plus disposer de vous-même :
Rendez toute votre âme à son premier souhait,
Recevez qui vous aime, et fuyez qui vous hait.
Honorie a ses droits ; mais celui de vous plaire
N’est pas, vous le savez, un droit imaginaire ;
Et pour vous appuyer, Mérouée a des bras
Qui font taire les droits quand il faut des combats.
Non, je ne puis plus voir cette ingrate Honorie
Qu’avec la même horreur qu’on voit une furie ;
Et tout ce que le ciel a formé de plus doux,
Tout ce qu’il peut de mieux, je crois le voir en vous ;
Mais dans votre cœur même un autre amour murmure,
Lorsque…