Et par le désaveu de cette obéissance
Ce tigre assouviroit sa rage et leur vengeance.
Octar aime Flavie, et l’en vient d’avertir.
Euric[1], son lieutenant, ne fait que de sortir :
Le tyran soupçonneux, qui craint ce qu’il mérite,
A pour nous désarmer choisi ce satellite ;
Et comme avec justice il nous croit irrités,
Pour nous parler encore il prend ses sûretés.
Pour peu qu’il eût tardé, nous allions dans sa tente
Surprendre et prévenir sa plus barbare attente,
Tandis qu’il nous laissoit encor la liberté
D’y porter l’un et l’autre une épée au côté.
Il promet à tous deux de nous la faire rendre,
Dès qu’il saura de nous ce qu’il en doit attendre,
Quel est notre dessein, ou pour en mieux parler,
Dès que nous résoudrons de nous entr’immoler.
Cependant il réduit à l’entière impuissance
Ce noble désespoir qui punit par avance[2],
Et qui se faisant droit avant que de mourir,
Croit que se perdre ainsi, c’est un peu moins périr ;
Car nous aurions péri par les mains de sa garde ;
Mais la mort est plus belle alors qu’on la hasarde.
Il vient, Seigneur.