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ACTE IV, SCÈNE VI.

Après tant d’indulgence, il a de la justice.1430
Parlez à Valamir, et voyez avec lui
S’il n’est aucun remède à ce mortel ennui.

ARDARIC.

Madame…

ILDIONE.

Madame…Allez, Seigneur : nos maux et le temps pressent
Et les mêmes périls tous deux vous intéressent.

ARDARIC.

J’y vais ; mais en l’état qu’est son sort et le mien,1435
Nous nous plaindrons ensemble et ne résoudrons rien.


Scène VII.

ILDIONE[1].

Trêve, mes tristes yeux, trêve aujourd’hui de larmes !
Armez contre un tyran vos plus dangereux charmes :
Voyez si de nouveau vous le pourrez dompter,
Et renverser sur lui ce qu’il ose attenter.1440
Reprenez en son cœur votre place usurpée.
Ramenez à l’autel ma victime échappée,
Rappelez ce courroux que son choix incertain
En faveur de ma flamme allumoit dans mon sein.
Que tout semble facile en cette incertitude !1445
Mais qu’à l’exécuter tout est pénible et rude !
Et qu’aisément le sexe oppose à sa fierté
Sa douceur naturelle et sa timidité !
Quoi ? ne donner ma foi que pour être perfide !
N’accepter un époux que pour un parricide !1450
Ciel, qui me vois frémir à ce nom seul d’époux,
Ou rends-moi plus barbare, ou mon tyran plus doux[2] !

FIN DU QUATRIÈME ACTE.
  1. Dans l’édition de Voltaire (1764) : ildione, seule.
  2. Voyez ci-dessus, p. 104, et p. 137, vers 693-704.