Sur des peuples surpris et des princes trompés ;
Tu n’as d’autorité que ce qu’en font les crimes ;
Mais il n’aura de moi que des droits légitimes ;
Et fût-il sous ta rage à tes pieds abattu,
Il est plus grand que toi, s’il a plus de vertu.
Sa vertu ni vos droits ne sont pas de grands charmes,
À moins que pour appui je leur prête mes armes.
Ils ont besoin de moi, s’ils veulent aller loin ;
Mais pour être empereur je n’en ai plus besoin.
Aétius est mort, l’empire n’a plus d’homme,
Et je puis trop sans vous me faire place à Rome.
Aétius est mort ! Je n’ai plus de tyran ;
Je reverrai mon frère en Valentinian ;
Et mille vrais héros qu’opprimoit ce faux maître
Pour me faire justice à l’envi vont paroître.
Ils défendront l’empire, et soutiendront mes droits
En faveur des vertus dont j’aurai fait le choix.
Les grands cœurs n’osent rien sous de si grands ministres :
Leur plus haute valeur n’a d’effets que sinistres ;
Leur gloire fait ombrage à ces puissants jaloux,
Qui s’estiment perdus s’ils ne les perdent tous.
Mais après leur trépas tous ces grands cœurs revivent ;
Et pour ne plus souffrir des fers qui les captivent[1],
Chacun reprend sa place et remplit son devoir.
La mort d’Aétius te le fera trop voir :
Si pour leur maître en toi je leur mène un barbare.
Tu verras quel accueil leur vertu te prépare ;
Mais si d’un Valamir j’honore un si haut rang,
Aucun pour me servir n’épargnera son sang.
- ↑ Var. Et pour ne plus souffrir de fers qui les captivent. (1668)
— Cette leçon a été reproduite par l’édition de 1692.