Ou qu’un frivole espoir de te revoir à moi
Me pût rendre perfide et lâche comme toi.
Aime-moi, si tu veux, déloyal ; mais n’espère
Aucun secours de moi pour t’immoler mon frère.
Si je te menaçois tantôt de son retour,
Si j’en donnois l’alarme à ton nouvel amour,
C’étoient discours en l’air inventés par ma flamme,
Pour brouiller ton esprit et celui de sa femme.
J’avois peine à te perdre, et parlois au hasard,
Pour te perdre du moins quelques moments plus tard ;
Et quand par ce retour il a su nous surprendre,
Le ciel m’a plus rendu que je n’osois attendre.
Madame…
Et j’attends ton arrêt pour résoudre le mien.
Agis, si tu le veux, en vainqueur magnanime ;
Agis comme tyran[1], et prends cette victime :
Je suivrai ton exemple, et sur tes actions
Je réglerai ma haine ou mes affections.
Il suffit à présent que je te désabuse,
Pour payer ton amour ou pour punir ta ruse.
Adieu.
Scène III.
Que veut Unulphe ?
- ↑ Thomas Corneille (1692) et Voltaire ont ajouté un : « Agis comme un tyran. »