Je t’épouserai lors, et m’y viens d’obliger,
Pour mieux servir ma haine, et pour mieux me venger,
Pour moins perdre de vœux contre ta barbarie,
Pour être à tous moments maîtresse de ta vie,
Pour avoir l’accès libre à pousser ma fureur,
Et mieux choisir la place à te percer le cœur[1].
Voilà mon désespoir, voilà ses justes causes :
À ces conditions prends ma main, si tu l’oses.
Oui, je la prends, Madame, et veux auparavant…
Scène IV.
Que faites-vous, Seigneur ? Pertharite est vivant[2] :
Ce n’est plus un bruit sourd, le voilà qu’on amène ;
Des chasseurs l’ont surpris dans la forêt prochaine,
Où, caché dans un fort, il attendait la nuit.
Je vois trop clairement quelle main le produit.
Est-ce donc vous, Seigneur ? et les bruits infidèles
N’ont-ils semé de vous que de fausses nouvelles ?
Qui, cet époux si cher à vos chastes désirs,
Qui vous a tant coûté de pleurs et de soupirs…
- ↑ Voyez ci-après Sertorius, vers 1784, et la note de Voltaire.
- ↑ Var. PERTH. Arrête, Grimoald, Pertharite est vivant.
Ce te doit être assez de porter ma couronne,
Sans me ravir encor ce que l’hymen me donne ;
À quoi que ton amour te puisse disposer,
Commence par ma mort, si tu veux l’épouser.
[ROD. Est-ce donc vous, Seigneur ? et les bruits infidèles.] (1653-56)