Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/661

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce traître trop heureux ordonne de vous-même ?
1635Allons, allons, Seigneur, les armes à la main,
Soutenir le sénat et le peuple romain ;
Cherchons aux yeux d’Othon un trépas à leur tête,
Pour lui plus odieux, et pour nous plus honnête[1] ;
Et par un noble effort allons lui témoigner…

GALBA.

1640Eh bien ! ma nièce, eh bien ! est-il doux de régner ?
Est-il doux de tenir le timon d’un empire,
Pour en voir les soutiens toujours se contredire ?

CAMILLE.

Plus on voit aux avis de contrariétés,
Plus à faire un bon choix on reçoit de clartés.
1645C’est ce que je dirois si je n’étois suspecte ;
Mais je suis à Pison, seigneur, et vous respecte,
Et ne puis toutefois retenir ces deux mots,
Que si l’on m’avait crue on seroit en repos.
Plautine qu’on amène aura même pensée :
1650D’une vive douleur elle paroît blessée…


Scène III.

GALBA, CAMILLE, VINIUS, LACUS, PLAUTINE, RUTILE, ALBIANE.
PLAUTINE.

Je ne m’en défends point, madame, Othon est mort ;
De quiconque entre ici c’est le commun rapport ;
Et son trépas pour vous n’aura pas tant de charmes,
Qu’à vos yeux comme aux miens il n’en coûte des larmes.

GALBA.

1655Dit-elle vrai, Rutile, ou m’en flatté-je en vain ?

  1. Intuta quæ indecora ; vel, si cadere necesse sit, occurrendum discrimini. Id Othoni invidiosius, et ipsis honestum. (Tacite, Histoires, livre I, chapitre xxxiii.)