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OTHON.
CAMILLE.

1395La mienne ne dit pas tout ce que vous pensez.

PLAUTINE.

Sur tout ce que je pense elle s’explique assez.

CAMILLE.

Souvent trop d’intérêt que l’amour force à prendre
Entend plus qu’on ne dit et qu’on ne doit entendre.
Si vous saviez quel est mon plus ardent desir…

PLAUTINE.

1400D’Othon et de Pison je vous donne à choisir :
Mon peu d’ambition vous rend l’un avec joie ;
Et pour l’autre, s’il faut que je vous le renvoie,
Mon amour, je l’avoue, en pourra murmurer ;
Mais vous savez qu’au vôtre il aime à déférer.

CAMILLE.

1405Je pourrai me passer de cette déférence.

PLAUTINE.

Sans doute ; et toutefois, si j’en crois l’apparence…

CAMILLE.

Brisons là : ce discours deviendroit ennuyeux.

PLAUTINE.

Martian, que je vois, vous entretiendra mieux.
Agréez ma retraite, et souffrez que j’évite
1410Un esclave insolent de qui l’amour m’irrite.


Scène V.

CAMILLE, MARTIAN, ALBIANE.
CAMILLE.

À ce qu’elle me dit, Martian, vous l’aimez ?

MARTIAN.

Malgré ses fiers mépris mes yeux en sont charmés.
Cependant pour l’empire, il est à vous encore :