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VINIUS.

Partez ; en empereur vous nous direz le reste.


Scène III.

VINIUS, PLAUTINE.
VINIUS.

Ce n’est pas tout, ma fille, un bonheur plus certain,
Quoi qu’il puisse arriver, met l’empire en ta main.

PLAUTINE.

1285Flatteriez-vous Othon d’une vaine chimère ?

VINIUS.

Non : tout ce que j’ai dit n’est qu’un rapport sincère.
Je crois te voir régner avec ce cher Othon ;
Mais n’espère pas moins du côté de Pison :
Galba te donne à lui. Piqué contre Camille,
1290Dont l’amour a rendu son projet inutile,
Il veut que cet hymen, punissant ses refus,
Réunisse avec moi Martian et Lacus,
Et trompe heureusement les présages sinistres
De la division qu’il voit en ses ministres.
1295Ainsi des deux côtés on combattra pour toi.
Le plus heureux des chefs t’apportera sa foi.
Sans part à ses périls, tu l’auras à sa gloire,
Et verras à tes pieds l’une ou l’autre victoire.

PLAUTINE.

Quoi ? mon cœur, par vous-même à ce héros donné,
1300Pourroit ne l’aimer plus s’il n’est point couronné ?
Et s’il faut qu’à Pison son mauvais sort nous livre,
Pour ce même Pison je pourrois vouloir vivre ?

VINIUS.

Si nos communs souhaits ont un contraire effet,
Tu te peux faire encor l’effort que tu t’es fait ;