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Vous ne voudriez pas en avoir de contraires.

CAMILLE.

Vous n’avez, vous ni lui, pensé qu’à vos affaires ;
Et nous offrir Pison, c’est assez témoigner…

LACUS.

Le trouvez-vous, madame, indigne de régner ?
705Il a de la vertu, de l’esprit, du courage ;
Il a de plus…

CAMILLE.

Il a de plus… De plus, il a votre suffrage,
Et c’est assez de quoi mériter mes refus.
Par respect de son sang[1], je ne dis rien de plus.

MARTIAN.

Aimeriez-vous Othon, que Vinius propose,
710Othon, dont vous savez que Plautine dispose,
Et qui n’aspire ici qu’à lui donner sa foi ?

CAMILLE.

Qu’il brûle encor pour elle, ou la quitte pour moi,
Ce n’est pas votre affaire ; et votre exactitude
Se charge en ma faveur de trop d’inquiétude.

LACUS.

715Mais l’Empereur consent qu’il l’épouse aujourd’hui ;
Et moi-même je viens de l’obtenir pour lui.

CAMILLE.

Vous en a-t-il prié ? dites, ou si l’envie…

LACUS.

Un véritable ami n’attend point qu’on le prie.

CAMILLE.

Cette amitié me charme, et je dois avouer
720Qu’Othon a jusqu’ici tout lieu de s’en louer,

  1. « Pison, né de M. Crassus et de Scribonie, appartenait à deux familles illustres. » Piso, M. Crasso et Scribonia genitus, nobilis utrinque. (Tacite, Histoires, livre I, chapitre XIV.)