Je me remets à vous de ce qui vous regarde ;
Mais en ma fille et moi ma gloire se hasarde,
De ses jours et des miens je suis maître absolu,
Et j’en disposerai comme j’ai résolu.
Je ne crains point la mort, mais je hais l’infamie
D’en recevoir la loi d’une main ennemie ;
Et je saurai verser tout mon sang en Romain,
Si le choix que j’attends ne me retient la main.
C’est dans une heure ou deux que Galba se déclare.
Vous savez l’un et l’autre à quoi je me prépare :
Résolvez-en ensemble.
Scène IV.
Et s’il faut prévenir ce mortel déshonneur[1],
Recevez-en l’exemple, et jugez si la honte…
Quoi ? Seigneur, à mes yeux une fureur si prompte !
Ce noble désespoir, si digne des Romains,
Tant qu’ils ont du courage est toujours en leurs mains ;
Et pour vous et pour moi, fût-il digne d’un temple,
Il n’est pas encor temps de m’en donner l’exemple.
Il faut vivre, et l’amour nous y doit obliger,
Pour me sauver un père, et pour me protéger.
Quand vous voyez ma vie à la vôtre attachée,
Faut-il que malgré moi votre âme effarouchée,
- ↑ L’édition de 1692 porte : « un mortel déshonneur ; » et un peu plus bas, au vers 319 : « que je dise à mon tour. » Voltaire a changé aussi die en dise.