Auroit avec Plautine uni ma destinée,
Si ces rivaux d’état n’en savoient divertir[1]
Un maître qui sans eux n’ose rien consentir.
Et le cœur ne sent point ce que la bouche explique ?
Il ne le sentit pas, Albin, du premier jour ;
Mais cette politique est devenue amour :
Tout m’en plaît, tout m’en charme, et mes premiers scrupules
Près d’un si cher objet passent pour ridicules.
Vinius est consul, Vinius est puissant ;
Il a de la naissance ; et s’il est agissant,
S’il suit des favoris la pente trop commune,
Plautine hait en lui ces soins de sa fortune :
Son cœur est noble et grand.
Vous devriez dans l’âme être un peu combattu.
La nièce de Galba pour dot aura l’empire,
Et vaut bien que pour elle à ce prix on soupire :
Son oncle doit bientôt lui choisir un époux.
Le mérite et le sang font un éclat en vous,
Qui pour y joindre encor celui du diadème…
Quand mon cœur se pourroit soustraire à ce que j’aime
Et que pour moi Camille auroit tant de bonté
Que je dusse espérer de m’en voir écouté,
Si, comme tu le dis, sa main doit faire un maître,
Aucun de nos tyrans n’est encor las de l’être ;
- ↑ Divertir, détourner.