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OTHON.

TRAGÉDIE.


ACTE I.



Scène première.

OTHON, ALBIN.
ALBIN.

Votre amitié, seigneur, me rendra téméraire :
J’en abuse, et je sais que je vais vous déplaire,
Que vous condamnerez ma curiosité ;
Mais je croirois vous faire une infidélité,
5Si je vous cachois rien de ce que j’entends dire
De votre amour nouveau sous ce nouvel empire.
On s’étonne de voir qu’un homme tel qu’Othon,
Othon, dont les hauts faits soutiennent le grand nom[1],
Daigne d’un Vinius se réduire à la fille,
10S’attache à ce consul[2], qui ravage, qui pille,
Qui peut tout, je l’avoue, auprès de l’empereur,
Mais dont tout le pouvoir ne sert qu’à faire horreur,
Et détruit, d’autant plus que plus on le voit croître,
Ce que l’on doit d’amour aux vertus de son maître.

  1. Le père d’Othon avait été consul, son aïeul préteur. Voyez Tacite, Histoires, livre II, chapitre i.
  2. Vinius fut consul avec Galba, du 1er au 15 janvier de l’an 69 avant Jésus-Christ. Il y eut cette année quinze consuls.