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Scène IV.

GRIMOALD, GARIBALDE, UNULPHE.
GRIMOALD.

585Que faut-il faire, Unulphe ? est-il temps de mourir[1] ?
N’as-tu vu pour ton roi nul espoir de guérir ?

UNULPHE.

Rodelinde, Seigneur, enfin plus raisonnable,
Semble avoir dépouillé cet orgueil indomptable :
Elle a reçu votre offre avec tant de douceur…

GRIMOALD.

590Mais l’a-t-elle acceptée ? as-tu touché son cœur ?
A-t-elle montré joie ? en paroît-elle émue ?
Peut-elle s’abaisser jusqu’à souffrir ma vue ?
Qu’a-t-elle dit enfin ?

UNULPHE.

Qu’a-t-elle dit enfin ?Beaucoup, sans dire rien :
Elle a paisiblement souffert mon entretien ;
595Son âme à mes discours surprise, mais tranquille…

GRIMOALD.

Ah ! c’est m’assassiner d’un discours inutile :
Je ne veux rien savoir de sa tranquillité ;
Dis seulement un mot de sa facilité.
Quand veut-elle à son fils donner mon diadème ?

UNULPHE.

600Elle en veut apporter la réponse elle-même.

GRIMOALD.

Quoi ? tu n’as su pour moi plus avant l’engager ?

UNULPHE.

Seigneur, c’est assez dire à qui veut bien juger :

  1. Var. Eh bien ! que faut-il faire ? est-il temps de mourir ?
    Ou si tu vois pour moi quelque espoir de guérir ? (1653-56)