Je sais ce que je suis et ce que je dois faire,
Et prends pour seul objet ma gloire à satisfaire.
Scène VI.
Je n’ai presque plus d’yeux pour ma captivité ;
Et malgré de mon sort la disgrâce éclatante,
Je suis encore heureux quand je vous vois constante.
Un rival triomphant veut place en votre cœur,
Et vous osez pour moi dédaigner ce vainqueur !
Vous préférez mes fers à toute sa victoire,
Et savez hautement soutenir votre gloire !
Je ne vous dirai point aussi que vos conseils
M’ont fait choir de ce rang si cher à nos pareils,
Ni que pour les Romains votre haine implacable
A rendu ma déroute à jamais déplorable :
Puisqu’en vain Massinisse attaque votre foi,
Je règne dans votre âme, et c’est assez pour moi.
Qui vous dit qu’à ses yeux vous y régniez encore ?
Que pour vous je dédaigne un vainqueur qui m’adore ?
Et quelle indigne loi m’y pourroit obliger,
Lorsque vous m’apportez des fers à partager ?
Ce soin de votre gloire, et de lui satisfaire…
Quand vous l’entendrez bien, vous dira le contraire[1].
- ↑ Tel est le texte de la première édition et de celle de 1692. Les