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Qui peut avec raison vous aigrir le courage,
Et voudrois vous servir malgré ce grand courroux.

Éryxe
Craignez que je ne puisse en dire autant de vous.
Mais le Roi vient : adieu ; je n’ai pas l’imprudence
De m’offrir pour troisième à votre conférence ;
245Et d’ailleurs, s’il vous vient demander votre aveu,
Soit qu’il l’obtienne ou non, il m’importe fort peu.


Scène IV – Syphax, Sophonisbe, Herminie, Bocchar

Sophonisbe
Eh bien ! Seigneur, la paix, l’avez-vous résolue ?

Syphax
Vous en êtes encor la maîtresse absolue,
Madame ; et je n’ai pris trêve pour un moment,
250Qu’afin de tout remettre à votre sentiment.
––On m’offre le plein calme, on m’offre de me rendre
Ce que dans mes Etats la guerre a fait surprendre,
L’amitié des Romains, que pour vous j’ai trahis.

Sophonisbe
Et que vous offre-t-on, Seigneur, pour mon pays ?

Syphax
255Loin d’exiger de moi que j’y porte mes armes,
On me laisse aujourd’hui tout entier à vos charmes :
On demande que neutre en ces dissensions,
Je laisse aller le sort de vos deux nations.

Sophonisbe
Et ne pourroit-on point vous en faire l’arbitre ?

Syphax
260Le ciel sembloit m’offrir un si glorieux titre,
Alors qu’on vit dans Cyrthe entrer d’un pas égal,