Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/443

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE 5




Scène 1


Aristie, Viriate


Aristie
Oui, Madame, j’en suis comme vous ennemie.
Vous aimez les grandeurs, et je hais l’infamie.
Je cherche à me venger, vous à vous établir ;
Mais vous pourrez me perdre, et moi vous affaiblir,
Si le cœur mieux ouvert ne met d’intelligence
Votre établissement avecque ma vengeance.
On m’a volé Pompée ; et moi pour le braver,
Cet ingrat que sa foi n’ose me conserver,
Je cherche un autre époux qui le passe, ou l’égale ;
Mais je n’ai pas dessein d’être votre rivale,
Et n’ai point dû prévoir, ni que vers un Romain
Une reine jamais daignât pencher sa main,
Ni qu’un héros, dont l’âme a paru si romaine,
Démentît ce grand nom par l’hymen d’une reine.
J’ai cru dans sa naissance et votre dignité
Pareille aversion et contraire fierté.
Cependant on me dit qu’il consent l’hyménée,
Et qu’en vain il s’oppose au choix de la journée,
Puisque si dès demain il n’a tout son éclat,
Vous allez du parti séparer votre état.
Comme je n’ai pour but que d’en grossir les forces,
J’aurais grand déplaisir d’y causer des divorces,
Et de servir Sylla mieux que tous ses amis,