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ACTE IV, SCÈNE III,

Et malgré cet amour que j’ai laissé trop croître,
Vous direz à la Reine…

Sertorius.

Vous direz à la Reine…Eh bien ! Je lui dirai ?

Perpenna.

Rien, Seigneur, rien encor ; demain j’y penserai.1520
Toutefois la colère où s’emporte son âme
Pourroit dès cette nuit commencer quelque trame.
Vous lui direz, Seigneur, tout ce que vous voudrez ;
Et je suivrai l’avis que pour moi vous prendrez.

Sertorius.

Je vous admire et plains.

Perpenna.

Je vous admire et plains.Que j’ai l’âme accablée !1525

Sertorius.

Je partage les maux dont je la vois comblée.
Adieu : j’entre un moment pour calmer son chagrin,
Et me rendrai chez vous à l’heure du festin.


Scène IV.

Perpenna, Aufide.
Aufide.

Ce maître si chéri fait pour vous des merveilles :
Votre flamme en reçoit des faveurs sans pareilles !1530
Son nom seul, malgré lui, vous avoit tout volé,
Et la Reine se rend sitôt qu’il a parlé.
Quels services faut-il que votre espoir hasarde,
Afin de mériter l’amour qu’elle vous garde ?
Et dans quel temps, seigneur, purgerez-vous ces lieux1535
De cet illustre objet qui lui blesse les yeux ?
Elle n’est point ingrate ; et les lois qu’elle impose,
Pour se faire obéir, promettent peu de chose ;