Dont l’esprit ébranlé ne se doit pas guérir
De cette impression qui peut nous l’acquérir[1].
Pourrions-nous venger Rome après de telles pertes ?
Pourrions-nous l’affranchir des misères souffertes ?
Et de ses intérêts un si haut abandon…
Et que m’importe à moi si Rome souffre ou non ?
Quand j’aurai de ses maux effacé l’infamie,
J’en obtiendrai pour fruit le nom de son amie !
Je vous verrai consul m’en apporter les lois,
Et m’abaisser vous-même au rang des autres rois !
Si vous m’aimez, Seigneur, nos mers et nos montagnes
Doivent borner vos vœux[2], ainsi que nos Espagnes :
Nous pouvons nous y faire un assez beau destin,
Sans chercher d’autre gloire au pied de l’Aventin.
Affranchissons le Tage, et laissons faire au Tibre.
La liberté n’est rien quand tout le monde est libre ;
Mais il est beau de l’être, et voir tout l’univers
Soupirer sous le joug et gémir dans les fers ;
Il est beau d’étaler cette prérogative
Aux yeux du Rhône esclave et de Rome captive ;
Et de voir envier aux peuples abattus
Ce respect que le sort garde pour les vertus.
Quant au grand Perpenna, s’il est si redoutable,
Remettez-moi le soin de le rendre traitable :
Je sais l’art d’empêcher les grands cœurs de faillir.
Mais quel fruit pensez-vous en pouvoir recueillir ?
Je le sais comme vous, et vois quelles tempêtes
Cet ordre surprenant formera sur nos têtes.
Ne cherchons point, Madame, à faire des mutins,