La vôtre, à la garder, coûtera bien des têtes[1].
Comme elle fermera la porte à tout accord,
Rien ne la peut jamais assurer que ma mort[2].
Oui, j’en jure les dieux, s’il faut qu’il vous obtienne,
Rien ne peut empêcher sa perte que la mienne ;
Et peut-être tous deux, l’un par l’autre percés,
Nous vous ferons connoître à quoi vous nous forcez.
Je ne suis pas, Seigneur, d’une telle importance.
D’autres soins éteindront cette ardeur de vengeance ;
Ceux de vous agrandir vous porteront ailleurs,
Où vous pourrez trouver quelques destins meilleurs ;
Ceux de servir Sylla, d’aimer son Émilie,
D’imprimer du respect à toute l’Italie,
De rendre à votre Rome un jour sa liberté,
Sauront tourner vos pas de quelque autre côté.
Surtout ce privilège acquis aux grandes âmes,
De changer à leur gré de maris et de femmes,
Mérite qu’on l’étale aux bouts de l’univers,
Pour en donner l’exemple à cent climats divers.
Ah ! C’en est trop, Madame, et de nouveau je jure…
Seigneur, les vérités font-elles quelque injure ?
Vous oubliez trop tôt que je suis votre époux.
- ↑ « La vôtre, etc., est un vers de Nicomède*, qui est bien plus à sa place dans Nicomède qu’ici, parce qu’il sied mieux à Nicomède de braver son frère, qu’à Pompée de braver sa femme. » (Voltaire)
*. Nicomède dit à Attale (Acte I, scène ii, vers 139) :
La place, à l’emporter, coûtera bien des têtes. - ↑ Var. Rien ne l’en peut jamais assurer que ma mort. (1662-1668)