Et je vous rends, seigneur, mille grâces pour elle,
À vous, à ce grand cœur dont la compassion
Daigne ici l’honorer de sa protection.
Protéger hautement les vertus malheureuses,
C’est le moindre devoir des âmes généreuses :
Aussi fais-je encore plus, je lui donne un époux.
Un époux ! Dieux ! Qu’entends-je ? Et qui, Seigneur ?
Moi.
Seigneur, toute son âme est à moi dès l’enfance :
N’imitez point Sylla par cette violence ;
Mes maux sont assez grands, sans y joindre celui
De voir tout ce que j’aime entre les bras d’autrui.
Tout est encore à vous[1]. Venez, venez, Madame,
Faire voir quel pouvoir j’usurpe sur vôtre âme,
Et montrer, s’il se peut, à tout le genre humain
La force qu’on vous fait pour me donner la main.
C’est elle-même, ô ciel !
Et sais que tout son cœur vous est encor fidèle.
Reprenez votre bien, ou ne vous plaignez plus
Si j’ose m’enrichir, Seigneur, de vos refus.
- ↑ Voltaire coupe encore ici la scène, et de ce qui suit, à partir de : « Venez, venez, Madame, » jusqu’au vers 992, il fait la scène iii, ayant pour personnages : aristie, sertorius, pompée.