Madame…
Êtes-vous trop pour moi ? Suis-je trop peu pour vous ?
C’est m’offrir, et ce mot peut blesser les oreilles ;
Mais un pareil amour sied bien à mes pareilles ;
Et je veux bien, Seigneur, qu’on sache désormais
Que j’ai d’assez bons yeux pour voir ce que je fais.
Je le dis donc tout haut, afin que l’on m’entende :
Je veux bien un Romain, mais je veux qu’il commande ;
Et ne trouverois pas vos rois à dédaigner[1],
N’étoit qu’ils savent mieux obéir que régner.
Mais si de leur puissance ils vous laissent l’arbitre,
Leur foiblesse du moins en conserve le titre :
Ainsi ce noble orgueil qui vous préfère à tous
En préfère le moindre à tout autre qu’à vous ;
Car enfin, pour remplir l’honneur de ma naissance,
Il me faudrait un roi de titre et de puissance ;
Mais comme il n’en est plus, je pense m’en devoir[2]
Ou le pouvoir sans nom, ou le nom sans pouvoir.
J’adore ce grand cœur qui rend ce qu’il doit rendre
Aux illustres aïeux dont on vous voit descendre.
À de moindres pensers son orgueil abaissé
Ne soutiendrait pas bien ce qu’ils vous ont laissé.
Mais puisque pour remplir la dignité royale
Votre haute naissance en demande une égale,
Perpenna parmi nous est le seul dont le sang
Ne mêlerait point d’ombre à la splendeur du rang :
Il descend de nos rois et de ceux d’Étrurie[3].