Que forcé par ce maître il a répudiée[1],
Par un reste d’amour l’attirât en ces lieux
Sous une autre couleur lui faire ses adieux ;
Car de son cher tyran l’injustice fut telle,
Qui ne lui permit pas de prendre congé d’elle.
Cela peut être encore : ils s’aimoient chèrement[2] ;
Mais il pourroit ici trouver du changement.
L’affront pique à tel point le grand cœur d’Aristie,
Que sa première flamme en haine convertie,
Elle cherche bien moins un asile chez nous
Que la gloire d’y prendre un plus illustre époux.
C’est ainsi qu’elle parle, et m’offre l’assistance
De ce que Rome encore a de gens d’importance,
Dont les uns ses parents, les autres ses amis,
Si je veux l’épouser, ont pour moi tout promis.
Leurs lettres en font foi, qu’elle me vient de rendre.
Voyez avec loisir ce que j’en dois attendre :
Je veux bien m’en remettre à votre sentiment.
Pourriez-vous bien, Seigneur, balancer un moment,
À moins d’une secrète et forte antipathie
Qui vous montre un supplice en l’hymen d’Aristie ?
Voyant ce que pour dot pour Rome veut lui donner,
Vous n’avez aucun lieu de rien examiner.
Il faut donc, Perpenna, vous faire confidence
Et de ce que je crains, et de ce que je pense.
J’aime ailleurs. À mon âge il sied si mal d’aimer,
Que je le cache même à qui m’a su charmer ;