Quoi ? vous vous offensez d’Hypsipyle quittée !
D’Hypsipyle pour vous à vos yeux maltraitée !
Vous, son plus cher objet ! vous de qui hautement
En sa présence même il s’est nommé l’amant !
C’est mal vous acquitter de la reconnoissance
Qu’une autre croiroit due à cette préférence.
Voyez mieux qu’un héros si grand, si renommé,
Auroit peu fait pour vous, s’il n’avoit rien aimé.
En ces tristes climats qui n’ont que vous d’aimable,
Où rien ne s’offre aux yeux qui vous soit comparable,
Un cœur qu’un autre objet ne peut vous disputer
Vous porte peu de gloire à se laisser dompter.
Mais Hypsipyle est belle, et joint au diadème
Un amour assez fort pour mériter qu’on l’aime[1] ;
Et quand, malgré son trône, et malgré sa beauté,
Et malgré son amour, vous l’avez emporté,
Que ne devez-vous point à l’illustre victoire
Dont ce choix obligeant vous assure la gloire ?
Peut-il de vos attraits faire mieux voir le prix,
Que par le don d’un cœur qu’Hypsipyle avoit pris ?
Pouvez-vous sans chagrin refuser un hommage
Qu’une autre lui demande avec tant d’avantage ?
Pouvez-vous d’un tel don faire si peu d’état,
Sans vouloir être ingrate, et l’être avec éclat ?
Si c’est votre dessein, en faisant la cruelle,
D’obliger ce héros à retourner vers elle,
Vous en pourrez avoir un succès assez prompt ;
Sinon…
Je ne souffrirai point qu’Hypsipyle me brave,
- ↑ Var. Un amour assez fort pour mériter qu’il l’aime. (1661)