Moins que vous toutefois, ou que la toison d’or.
Du moins, quand je voudrai flatter son espérance,
Il saura de nous deux faire la différence.
J’en vois la différence assez grande à Colchos ;
Mais elle seroit autre et plus grande à Lemnos.
Les lieux aident au choix ; et peut-être qu’en Grèce
Quelque troisième objet surprendroit sa tendresse.
J’appréhende assez peu qu’il me manque de foi.
Vous êtes plus adroite et plus belle que moi :
Tant qu’il aura des yeux vous n’avez rien à craindre.
J’allume peu de feux qu’un autre[1] puisse éteindre ;
Et puisqu’il me promet un cœur ferme et constant…
Autrefois à Lemnos il m’en promit autant.
D’un amant qui s’en va de quoi sert la parole ?
À montrer qu’on vous peut voler ce qu’on me vole.
Ces beaux feux qu’en mon île il n’osoit démentir…
Eurent un peu de tort de le laisser partir.
Comme vous en aurez, si jamais ce volage
Porte à quelque autre objet ce qu’il vous rend d’hommage.
- ↑ Telle est la leçon des éditions de 1664-1682. Les deux premières (1661 et 1663) donnent, ainsi que celles de Thomas Corneille (1692) et de Voltaire (1764) : « une autre. »