Le charme qu’il y faut est tout sur son visage.
Jason l’aime, et je crois que l’offre de son cœur
N’en seroit pas reçue avec trop de rigueur.
Un favorable aveu pour ce digne hyménée
Rendroit ici sa course heureusement bornée ;
Son exemple auroit force, et feroit qu’à l’envi
Tous voudroient imiter le chef qu’ils ont suivi.
Tous sauroient comme lui, pour faire une maîtresse,
Perdre le souvenir des beautés de leur Grèce ;
Et tous ainsi que lui permettroient à l’amour
D’obstiner des héros à grossir votre cour.
Le refus d’un tel heur auroit trop d’injustice.
Puis-je d’un moindre prix payer un tel service ?
Le ciel, qui veut pour elle un époux étranger,
Sous un plus digne joug ne sauroit l’engager.
Oui, j’y consens, Absyrte, et tiendrai même à grâce
Que du roi d’Albanie il remplisse la place,
Que la mort de Styrus permette à votre sœur
L’incomparable choix d’un si grand successeur.
Ma fille, si jamais les droits de la naissance…
Seigneur, je vous réponds de son obéissance ;
Mais je ne réponds pas que vous trouviez les Grecs
Dans la même pensée et les mêmes respects.
Je les connois un peu, veuve d’un de leurs princes :
Ils ont aversion pour toutes nos provinces ;
Et leur pays natal leur imprime un amour
Qui partout les rappelle et presse leur retour.
Ainsi n’espérez pas qu’il soit des hyménées
Qui puissent à la vôtre unir leurs destinées.
Ils les accepteront, si leur sort rigoureux
A fait de leur patrie un lieu mal sûr pour eux ;
Mais le péril passé, leur soudaine retraite