Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Est-il effort humain qui jamais ait tiré
Des spectacles pompeux d’un sein si déchiré ?
Il faudroit que vos soins par le cours des années… 185

L’Hyménée.

Ces traits divins n’ont pas de forces si bornées.
Mes roses et mes lis par eux en un moment
À ces lieux désolés vont servir d’ornement.
Promets, et tu verras l’effet de ma parole.

La France.

J’entreprendrai beaucoup ; mais ce qui m’en console 190
C’est que sous votre aveu…

L’Hyménée.

C’est que sous votre aveu… Va, n’appréhende rien :
Nous serons à l’envi nous-mêmes ton soutien.
Porte sur ton théâtre une chaleur si belle,
Que des plus heureux temps l’éclat s’y renouvelle :
Nous en partagerons la gloire et le souci. 195

La Victoire.

Cependant la Victoire est inutile ici :
Puisque la paix y règne, il faut qu’elle s’exile.

La Paix.

Non, Victoire : avec moi tu n’es pas inutile.
Si la France en repos n’a plus ou t’employer,
Du moins à ses amis elle peut t’envoyer. 200
D’ailleurs mon plus grand calme aime l’inquiétude
Des combats de prudence, et des combats d’étude ;
Il ouvre un champ plus large à ces guerres d’esprits ;
Tous les peuples sans cesse en disputent le prix ;
Et comme il fait monter à la plus haute gloire, 205
Il est bon que la France ait toujours la Victoire.
Fais-lui donc cette grâce, et prends part comme nous
À ce qu’auront d’heureux des spectacles si doux.

La Victoire.

J’y consens, et m’arrête aux rives de la Seine,