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NOTICE.

Dans son chapitre intitulé Extravagants, visionnaires, fantasques, bizarres, etc., Tallemant parle en ces termes d’Alexandre de Rieux, marquis de Sourdeac, baron de Neufbourg : Il « … a épousé… une des deux héritières de Neufbourg en Normandie, où il demeure ; c’est un original. Il se fait courre par ses paysans, comme on court un cerf, et dit que c’est pour faire exercice : il a de l’inclination aux mécaniques ; il travaille de la main admirablement : il n’y a pas un meilleur serrurier au monde. Il lui a pris une fantaisie de faire jouer chez lui une comédie en musique, et pour cela il a fait faire une salle qui lui coûte au moins dix mille écus. Tout ce qu’il faut pour le théâtre et pour les sièges et les galeries, s’il ne travailloit lui-même, lui reviendroit, dit-on, à plus de deux fois autant. Il avoit pour cela fait faire une pièce par Corneille ; elle s’appelle les Amours de Médée ; mais ils n’ont pu convenir de prix. C’est un homme riche et qui n’a point d’enfants. Hors cela, il est assez économe[1]. » M. Paulin Paris dit dans son commentaire que ceci a été écrit vers 1659. C’est sans doute après le 1er  décembre, car à cette date l’affaire n’était pas encore rompue, et Thomas Corneille écrivait à l’abbé de Pure : « M. de Sourdeac fait toujours travailler à la machine, et j’espère qu’elle paroîtra à Paris sur la fin de janvier. » Du reste, les difficultés qui survinrent furent bientôt levées : Corneille et M. de Sourdeac tombèrent d’accord, et la pièce fut représentée avec beaucoup d’éclat. « On se souviendra longtemps, dit le rédacteur du Mercure galant[2], de la magnificence avec laquelle ce mar-

  1. Historiettes, tome VII, p. 370.
  2. Mai 1695, p. 222.