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EXTRAIT DE DU VERDIER

min pour aller à Pauie ; et par toutes les citez où il passa s’acquit plusieurs amis, pour s’en aider à prendre le royaume. Estant arriué à Pauie, et parlé qu’il eut à Gondebert, il le tua par l’intelligence et moyen de Garibalde, et occupa le royaume. Pertharite entendant ces nouuelles, abandonna Rodelinde sa femme et vn sien petit fils, lesquels Grimoald confina à Beneuent, et s’enfuit et retira vers Cacan, roy des Auariens ou Huns. Grimoald ayant confirmé et establi son royaume à Pauie, entendant que Pertharite s’estoit sauué vers Cacan, luy enuoya embassadeurs pour luy faire entendre que s’il gardait Pertharite en son royaume, il ne iouïrait plus de la paix qu’il auoit eue auec les Lomdards, et qu’il aurait vn roy pour ennemi. Suiuant laquelle ambassade, le roy des Auariens appela en secret Pertharite, luy disant qu’il allast la part où il voudroit, afin que par luy les Auariens ne tombassent en l’inimitié des Lombards : ce qu’ayant entendu Pertharite, s’en retournant en Italie, vint trouuer Grimoald, soy fiant en sa clémence, et comme il fut pres de la ville de Lodi, il enuoya deuant vn sien gentil homme nommé Vnulphe, auquel il se fioit grandement, pour aduertir Grimoald de sa venuë. Vnulphe se présentant au nouueau roy, luy donna aduis comme Pertharite auoit recours à sa bonté, à laquelle il se venoit librement soumettre, s’il lui plaisoit l’accepter. Quoy entendant Grimoald, luy promit et iura de ne faire aucun desplaisir à son maistre, lequel pouuoit venir seurement, quand il voudroit, sur sa foy. Vnulphe ayant rapporté telle response à son seigneur Pertharite, iceluy vint se presenter deuant Grimoald, et se prosterner à ses pieds, lequel le[1] receut gracieusement et le baisa. Quoy fait, Pertharite luy dit : « Ie vous suis seruiteur ; et sçachant que vous

  1. Le est omis dans le recueil de 1656.